De l'humain finalement
La vie m'a imposé dès l'enfance de faire avec des images irréparables autour des notions de famille mal foutue, de religions opposées, de folie héréditaire, de shoah. J'ai beaucoup haï.
La sensation d'avoir été trompé. L'appréhension de vivre leur déchéance physique et psychologique. J'ai fait de l'art là-dessus pendant presque 20 ans, ça m'a servi à explorer et à digérer un peu. Mais tout çà m'oppressait. Je ne croyais plus en rien.
Et puis j'en eu assez. J'ai voulu m'enfuir loin du malheur. J'avais envie de liberté. De ne plus penser à rien.
Je me suis laissé aller très primitivement, à régresser, à divaguer en laissant jouer les forces, en acceptant tous les contraires dans les gestes et les matériaux, en poussant tou1ours plus loin en recouvrant les mêmes papiers.
Inconsciemment, ces personnages sont sortis des taches, de la matière ... Ils sont fragiles, à peine apparus. Et hébétés, tiraillés.
Entre le plaisir de la danse dionysiaque archaïque de l'homme qui se désasphyxie et la peur des conséquences d'un tel acte: c'est laisser la place aux pulsions , les plus douces mais aussi les plus inavouables. J'y ai vu de l'espoir. Mes peurs aussi sont là mais pas toutes seules, Il n'y a pas que l'accablement.
Ils sont là comme çà parce que l'homme et la femme est capable du pire et du meilleur. Et qu'ils te proposent de voir çà et de voir ce que tu vas en faire qui est aussi de l'ordre du pire ou du meilleur. Je parle des pulsions qui font pencher la balance d'un côté à un moment, et hop qui passe du coq à l'âne, responsables de tout et de toi qui est le maître du bien et du mal depuis que dieu est mort. Ils vous parlent, vous seul savez ce que vous allez en faire. On a tous nos petits travers et la volonté de faire le bien. Alors ...
Il s'agit de laisser encore, à notre époque, une place à ces modestes représentations de l'être humain. Ce qu'il en reste. Et qui porte pourtant toutes ls atrocités, et le meilleur qui font de nous des frères., car c'est à nous de vivre avec. Je suis pour le sacré en tant que possibilité de croire en un bien dans l'homme.